L’esprit des journées entre pairs

Interview à Myriam Martin, animatrice des rencontres entre pairs de cette année, sous le thème du rugby !

TABLE DES MATIERES

Myriam Martin est chargée de formation au sein de la FRMJC Occitanie. Elle a organisé, conçu et animé les différentes journées de rencontre entre les pairs d’animation enfance, d’animation jeunesse, de coordination, de direction, d’accueil-secrétariat-communication et de présidence de MJC !

Les rencontres, c’est quoi ? Quel est leur but ?

On dit souvent : « à eux deux, ils font la paire ». Dans l’esprit des rencontres entre pairs, il y a cette notion de proximité entre personnes. Elles se reconnaissent quand elles constituent une sorte de communauté de fonctions.
Vivant des réalités territoriales différentes, les pairs partagent néanmoins des missions similaires. Provoquer et animer ces rencontres c’est renforcer le soutien qu’ils peuvent s’apporter entre eux et essayer de leur donner l’élan pour poursuivre. Les rencontres permettent l’échange de pratiques et d’expérimentations. Notre but vise à faire en sorte que les professionnel.les et bénévoles rentrent chez eux inspirés, confortés et énergisés.
En somme, c’est un excellent espace pour prendre le pouls des réalités vécues et écouter l’expression des besoins. C’est un des moyens qui nous permet ensuite de proposer une programmation adaptée au réseau et au projet fédéral.

Comment es-tu arrivée à la méthode rugby ?

Je suis persuadée que les « jeux sérieux » facilitent l’échange entre acteurs et font tomber les barrières. Je pense aussi qu’en se renouvelant, en n’ayant pas peur de surprendre et en travaillant sur nos préjugés, l’intérêt s’éveille davantage. En plus, j’adore l’humour.

L’année 2023, c’est la coupe du monde du rugby sur notre territoire national. L’équipe de France étant plutôt en forme, il me semblait intéressant de pouvoir m’appuyer sur des valeurs de réussite pour sortir de la morosité économique menaçante dans les MJC. Le rugby est un sport de passion, de combat, d’abnégation, d’équipe, voilà donc un terrain de jeu idéal à décliner pour s’amuser tout en poursuivant les objectifs. À ce moment de la conception, je suis mon intuition : je le sens, j’y vais.

Ensuite, j’ai conçu le programme autour de l’offre et de la demande. L’idée était de placer chaque participant.e dans une double posture : donneur et receveur d’aides concrètes.
Chacun peut apporter, quel que soit son âge, son ancienneté, son estime de soi ou son sentiment de légitimité. Il suffisait ensuite de lier tout cela en proposant une grande mêlée.

Demander de l’aide ne serait-elle pas la compétence n°1 à avoir dans notre fédération, quel que soit ton métier ou fonction ? C’est ce que j’ai essayé de faire passer comme message.

Télécharger le document synthétique des offres et demandes réseau

Quel est ton rapport en général à la cohésion d’équipe ?

Waouh, la question ! J’aime l’authenticité, j’aime les conversations qui comptent, les rencontres. C’est peut-être les seules richesses qui vaillent. Du coup, je travaille dans les métiers de l’humain depuis toujours.
L’égo, les rapports de force et les jeux de pouvoir sont toujours tapis quelque part… Nous sommes faits ainsi. Pour moi, la recherche de cohésion d’équipe autour d’une idée, d’intelligence collective sont des défis permanents à relever dans les missions qui me sont confiées. Elle ne s’obtient qu’au prix d’efforts individuels et collectifs car elles permettent d’atteindre des objectifs incroyables. Quand les « je » arrivent à devenir un « nous » sans écorner les « je ».

Quel a été ton rôle dans le déroulé de ces journées ?

Tout d’abord, j’ai essayé de rendre vivant le programme conçu avec les collègues animateur.trices des journées. J’ai choisi des activités brise-glace de démarrage et je n’ai pas hésité à mouiller mon maillot pour entrer dans la mêlée si j’en voyais l’utilité. J’ai globalement veillé au respect du cadre… En m’amusant avec le sifflet d’Emmanuel !

J’ai aussi, et surtout, fait la scribe. En effet, grâce aux co-animateurs.trices, j’ai pu prendre beaucoup de notes et recueillir des mots des participant.es. En fait, il me semble essentiel de « taper à suivre » pour montrer notre capacité à écouter le réseau pour réussir à l’ accompagner là où il nous attend.

As-tu des retours et des attentes des participants ?

La récolte des différentes enquêtes est assez parlante ! 89% des participant.es ont décrit l’ambiance comme étant d’entraide, avec une parole libre. Pour 97%, les propositions ont fonctionné. L’attente est forte en matière de temps consacré aux échanges entre pairs. C’est un rendez-vous incontournable pour les personnes du réseau.

Selon toi, quel a été le point fort de ces rencontres ?

Sans doute, les échanges en binômes autour du partage des aides ont été des espaces privilégiés de discussion. La parole peut se libérer davantage quand on ose dire à quelqu’un ce qu’il est difficile de dire à un groupe. Ces rapports de confiance interpersonnels sont la base d’un réseau en construction.

Quelles sont les clés pour réussir les rencontres de 2024 ?

  • Utiliser la récolte de cette année, se laisser inspirer, garder en tête qu’il s’agit de rencontres pour et avec les pairs ;
  • Se centrer sur des propositions qui leur permettent de « poser », « déposer » leur réalité, leurs essais, leurs réflexions, leur pratique, leurs difficultés et espoirs ;
  • Leur laisser faire « communauté positive » en garantissant la liberté d’expression de leurs difficultés sans sombrer dans le désespoir ;
  • Confier l’animation de groupe à des animateurs.trices de métier pour que les objectifs et les méthodes garantissent la qualité de la dynamique de groupe et la production du groupe.

As-tu une anecdote à nous partager ?

L’outil des demandes d’aides inventé par Percolab, réseau de laboratoires qui développent de nouvelles façons d’apprendre, de travailler et de gouverner, a été plutôt applaudi. Un participant a joué avec les mots du thème : « Nous avons mis nos expériences dans la mêlée, échangé des tactiques de jeu, n’avons jamais botté en touche, finalement joué un bon match de poule qui ouvre le champ des possibles pour une montée en fédérale supérieure… »
Certains iront même jusqu’à s’approprier la méthode et la réutiliser dans des workshops MJC. Nous aurons été « lieu-ressource » dans les magnifiques nouveaux locaux de la fédération. C’est bon de transformer des essais en équipe !